« Christine de Pizan n’était pas une femme ordinaire » écrivit Charity Cannon Willard dans un de ses nombreux ouvrages sur cette auteure française de la fin du Moyen-Âge (The Writings of Christine de Pizan, New York: Persea Books, 1993; ix). Et de continuer : « A l’époque où elle écrivait, elle était tout simplement phénoménale, mais au regard de l’ampleur et de la variété de son œuvre, elle aurait été impressionnante à n’importe quelle époque » (ibid ; IX). Née à Venise en 1364, Christine de Pizan a passé presque toute sa vie à la cour du roi Charles V et de son successeur, Charles VI.

Etant l’une des premières femmes de lettres de son pays adoptif et, qui plus est, l’une des plus prolifiques, elle est souvent considérée comme étant l’une des auteures clé de l’Europe de la fin du Moyen-Âge. Son œuvre reflète des questions importantes et variées sur les aspects socio-politiques, théologiques, culturels, féministes et éducationnels de son époque. Elle écrivait de la poésie, a été commissionnée d’écrire la biographie du roi et a rédigé un traité détaillé sur la guerre et l’utilisation des armes. Elle s’est engagé dans un long et audacieux débat épistolaire à propos du célèbre Roman de la rose et défia les visions misogynes de ses homologues masculins. Son dernier ouvrage, écrit au cours de l’été 1429, soit l’apogée de la Guerre de Cent Ans entre l’Angleterre et la France, fut une tentative vaillante de rappeler les deux armées à la raison et d’attirer l’attention sur la jeune Jeanne d’Arc comme potentielle sauveuse de son pays fractionné et divisé. Christine de Pizan mourut deux ans plus tard entre 1430 et 1432, laissant derrière elle quantité d’écrits en prose et en vers qui ont presque tous été réédités et traduits en français moderne, en anglais et d’autres langues.